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Bolognesi, B., Ribeiro, E., & Codato, A.. (2023). A New Ideological Classification of Brazilian Political Parties. Dados, 66(2), e20210164. Just as democratic politics changes, so does the perception about the parties out of which it is composed. This paper’s main purpose is to provide a new and updated ideological classification of Brazilian political parties. To do so, we applied a survey to political scientists in 2018, asking them to position each party on a left-right continuum and, additionally, to indicate their major goal: to pursue votes, government offices, or policy issues. Our findings indicate a centrifugal force acting upon the party system, pushing most parties to the right. Furthermore, we show a prevalence of patronage and clientelistic parties, which emphasize votes and offices rather than policy. keywords: political parties; political ideology; survey; party models; elections

7 de setembro de 2015

a ascensão da direita brasileira

[Foto: El País,
Brasil, abril de 2015] 

ENTREVISTA
« La droite au Brésil est en plein essor »
07 SEPTEMBRE 2015 |  PAR MARILZA DE MELO FOUCHER
Adriano Codato est professeur de science politique à l'Université fédérale du Paraná (UFPR) et chercheur au CNPq. Chercheur associé au Centre européen de sociologie et de science politique de la Sorbonne (Paris-CESSP) , il coordonne l'Observatoire des élites politiques et sociales au Brésil. Je l'ai interrogé pour Mediapart sur la droitisation en cours au Brésil.
                                                               
Pourriez-vous expliquer au public français de Mediapart la droite brésilienne ? Quel est son profil?
La droite au Brésil est en plein essor. Cette expansion se déroule autour de trois domaines qui se renforcent mutuellement, le social, le politique et l’idéologie. Il existe un mouvement social de droite au Brésil, conservateur, autoritaire et violent, dirigée par la haute classe moyenne dans les grandes villes, qui s’oppose à la politique du Parti des Travailleurs et dénonce son problème le plus visible: la corruption du gouvernement.
Il y a, comme en Europe, une croissance  politique et électorale des partis de la droite. Cette croissance de la droite brésilienne ne profite pas aux vieux partis qui ont soutenu les gouvernements militaires pendant le dernier cycle dictatorial au Brésil (1960-1980). Ces vieux partis ont aujourd'hui d'autres acronymes: DEM, Les Démocrates, PP, Parti Progressiste. Ils ont perdu leur force politique au profit des micro-partis opportunistes et du nouveau parti de droite, le PSD (Parti Social Démocrate) qui survit, paradoxalement, grâce à son alliance avec le gouvernement du PT. En échange d'un soutien parlementaire, plus formel, le PSD a remporté deux portefeuilles ministériels avec des ressources budgétaires importantes. Tant les deux vieux partis de la droite brésilienne que les nouveaux soutiennent un programme profondément conservateur en termes de  morale et de droit. En tête de cette offensive réactionnaire se trouve le personnage, peut-être inconnu du public français, du député pasteur-évangélique. Cette droite morale-comportementale est en train d'essayer de révoquer au Brésil tous les droits obtenus par la civilisation occidentale au XXe siècle: les droits des minorités, les droits humains, le droit du travail, le droit pénal, la liberté de choix, etc. Le pire est que cette variante de la droite brésilienne impose un ordre de jour politique qui est de plus en plus assumé par tous les partis de la droite et d’autres plus au moins progressistes au Congrès National. Sa stratégie est de d’obtenir l’adhésion à ses idées, pour cela elle doit se battre sur plusieurs fronts et de diverses façons pour imposer son code réactionnaire.
Il faut souligner que le plus grand parti du Brésil, le PMDB, ensemble d’élus hétéroclites que réunit la droite, le centre droit et le centre gauche, préside l’Assemblée nationale. Son Président, Eduardo Cunha, est l'incarnation parfaite de ce mouvement réactionnaire, il appartient au groupe des députés évangéliques. La dernière variante est la droite idéologique, elle assume son idéologie économique néolibérale. Cette droite est présente sur la scène politique brésilienne dès les années 1990. En termes partisans, le PSDB, Parti de la Social-démocratie de l’ancien Président de la République Fernando Henrique Cardoso, est le parti qui soutient  ces positions dans le «débat public». Le débat public mérite des guillemets car au Brésil ce type du débat sur les prescriptions économiques n’a pas vraiment d'espace public. Les grands oligopoles privés de communication (la grande presse « Folha », « ESTADAO », « VEJA », le réseau de TV Globe, UOL, etc.) sont responsables de la fabrication et la diffusion d’un discours hégémonique néolibéral. Ils sont dominants dans tous les moyens de communication (journaux, radios, télévisions et sur l’Internet).
Quelle est la motivation des organisations de droite à occuper aujourd’hui l’espace dans les rues, dans les réseaux sociaux qui auparavant étaient occupés par les organisations sociales, surtout par une militance de sensibilité de gauche?
Il existe deux sources de mécontentement. Une est plus explicite et consciente, l'autre implicite et peut-être inconsciente. La raison principale est selon eux la corruption des dirigeants et des élus du PT. Je dis «du PT» parce que cette indignation est très sélective. Ni les mouvements sociaux de la droite qui ont défilé contre le gouvernement fédéral à trois occasions  cette année (en mars, avril et août), ni la grande presse brésilienne, ni les membres du pouvoir judiciaire ne sont très intéressés à souligner que d'autres partis politiques sont impliqués dans les schémas politiques de corruption que les membres de la direction du PT sont prétendument accusés de coordonner, par exemple le Parti Progressiste (PP) et le Parti du Mouvement Démocratique Brésilien (PMDB). Les dénonciations duparti rival, le Parti de la social-démocratie brésilienne (PSDB) du candidat déchu Aécio Neves ont été minimisées, ignorées ou délibérément cachées dans les manchettes des journaux. Toutefois, la corruption est le principal sujet de préoccupation de la classe moyenne brésilienne (professions libérales, petites et moyennes entreprises, hauts fonctionnaires, etc.), la base sociale de ces nouveaux mouvements depuis toujours. Tant et si bien que cette même couche sociale a été au cours des années 1980-1990, le terrain de chasse électoral favoris du PT, lorsque le Parti des Travailleurs faisait de la  «moralisation de la politique» sa principale arme face à ses adversaires.
L'autre raison, moins apparente et moins consciente, vient du fait que la classe moyenne traditionnelle doit partager deux droits fondamentaux de la citoyenneté moderne – le droit de vote et le droit de consommer. Aujourd’hui ces droits sont garantis aux couches de la classe moyenne inférieure, aux travailleurs manuels et à ceux qui vivaient auparavant en marge du capitalisme brésilien. Et cela leur semble insupportable.
Quel est l'agenda politique des groupes qui constituent cette nouvelle droite? Pourquoi certains jeunes vont rejoindre cette droite réactionnaire, très proche du fascisme?
Il y a dans les slogans de ces groupes en public, mais aussi dans les commentaires privés, ce que je qualifierais un «racisme de classe». Le racisme de classe fonctionne comme une mécanique de préjugés perverses. Alors que dans le racisme traditionnel, le sentiment de supériorité  est dirigé contre un groupe ethnique («race») considéré comme inférieur, soit pour des raisons biologiques, soit pour des raisons historiques, le racisme de classe est dirigé contre un groupe défini par ses caractéristiques socio-économiques et il construit à son propos toutes sortes de préjugés. Les «pauvres» (c’est-à-dire ceux qui ont gravi l’échelle sociale pour devenir des consommateurs) sont ignorants parce qu'ils méconnaissent les vraies informations que seule la classe moyenne traditionnelle prétend avoir sur la politique, sur le fonctionnement de l'économie, sur l’utilisation des impôts, etc. Ils sont irrationnels, parce que les raisons qui motivent leur vote sont illégitimes pour les priorités établies par cette classe moyenne violente et autoritaire. Et ils sont incompétents parce que, après tout, ils sont pauvres. C’est dans  ce contexte qu’il faut comprendre l'aversion qu’ils ont de la Bourse Famille (son «assistancialisme »), la haine des quotas raciaux (le sabotage de la «méritocratie»), l'étonnement devant l’accès aux biens de consommation des classes moyennes de ceux qui n’en avaient pas les moyens  ("le capitalisme" finalement ...). Ainsi, ce n’est pas un programme conservateur, mais hautement réactionnaire contre la transformation de la société brésilienne. Mais aussi hautement  rétrograde pour rétablir, si possible, l'ordre pré-PT.
Comment le PT et la gauche réagissent-ils à cette nouvelle organisation de la droite et à la propagation de la haine?
Le PT semble surpris par toutes ces accusations et cherche à survivre en quelque sorte, même en s’éloignant du gouvernement de Dilma Rousseff – un gouvernement de coalition dirigé par le PT lui-même (1). L'arrestation des dirigeants du Parti des travailleurs, la condamnation des anciens présidents du PT (José Genoino et José Dirceu) et de ses deux trésoriers (Delúbio,Vaccari) ont surpris et mis en colère une partie importante des militants et de la grande majorité des sympathisants. En gros, je pense que nous pourrions utiliser une analogie basée sur le modèle Kübler-Ross (2) des cinq étapes du deuil: le déni, la colère, le marchandage, la dépression, l'acceptation. Le déni, quand toute accusation contre le parti était considérée comme une invention des ennemis ; la colère, contre la presse, la justice, la police fédérale (tous les trois très partiaux et contre le PT); le marchandage avec la réalité, finalement tous les partis politiques au Brésil se financent avec des schémas légaux et illégaux; la dépression, avec ce sentiment d'impuissance typique face à la situation créée par certains dirigeants du parti. Je ne sais pas, cependant, si nous avons déjà atteint le stade de l'acceptation. La catastrophe politique et économique du deuxième gouvernement de Dilma Rousseff pourrait l’accélérer.
La grande presse cite le Parti des travailleurs comme un parti mourant… Pourtant le nombre d'adhésions au PT a continué à augmenter. Il est passé de 1 054 671 à 1 587 882 à l'échelle nationale, ce qui équivaut à une augmentation de 50,3% entre 2005 et 2015. Le PT en tant que parti a-t-il encore des militants ou est-il devenu un parti d’adhérents sans militants? Comment expliquer cette contradiction politique ?
L’adhésion à Lula da Silva est toujours très forte électoralement. La mémoire des résultats positifs de son gouvernement est très présente dans les classes populaires. Même si l'élection présidentielle de 2018 est encore loin, les enquêtes lui donnent 30% des intentions de votes. Une étude du politologue Osvaldo Amaral a montré que le PT reste attractif pour certains secteurs de la société civile et a considérablement augmenté son nombre d’adhérents. En 2010, la dernière année de gouvernement de Lula, 10 parmi 1000 électeurs étaient affiliés au parti PT. L'augmentation du nombre des adhérents du Parti des Travailleurs est le résultat de deux choses: d'abord, le Parti des Travailleurs a le contrôle du pouvoir exécutif fédéral, cela lui a permis de distribuer davantage de postes politiques; ensuite parce que le PT n’est plus un parti de niche idéologique (comme en 1980), mais un parti qui a investi dans l'adhésion de masse comme un moyen d'étendre sa présence sur tout le territoire. Peut-être le plus impressionnant que le nombre d’adhérents est la présence  du PT dans 97% des 5 500 municipalités existantes au Brésil.
Par contre, la face publique du parti, ses représentants au gouvernement et au parlement, est profondément affaiblie à la suite des scandales de corruption et, il est probable que le PT va souffrir sa plus grande défaite électorale lors des élections municipales en 2016. Il faut souligner que les Brésiliens aujourd’hui ne s’identifient pas subjectivement ou idéologiquement avec les partis politiques. Les sondages d'opinion  en 2015 montrent que 66% de la population n'a  de sympathie pour aucun parti, ce pourcentage est le plus élevé depuis 1988, selon l’institut IBOPE. Le même sondage montre que parmi ceux qui se reconnaissent une identité dans un parti, 14% sont favorables au PT et 6% au PSDB Parti de la social-démocratie brésilienne. En avril 2013, pas moins de 36% préféraient le PT.
(1) Le front de coalition  du gouvernement de Dilma Rousseff est formée par PT, PMDB, PSD, PPPRPROSPDTPCdoB e PR
(2) Elisabeth Kübler-Ross, née le 8 juillet 1926 à Zurich en Suisse et morte le 24 août 2004 aux États-Unis, est une psychiatre et une psychologue helvético-américaine, pionnière de l'approche des « soins palliatifs » pour les personnes en fin de vie.
Les plus grands partis politiques au Brésil par nombre d’adhérent selon le registre du Tribunal Supérieur Electoral :
1.     Le Parti du Mouvement Démocratique Brésilien (PMDB) – Un vrai cocktail politique (centre gauche, centre droite et droite)2.351.936 adhérents
2.     Le Partie des Travailleurs (PT)-Centre gauche et gauche (plusieurs tendances politiques) 1.587.882 adhérents
3.     Le Parti Progressiste (PP) : droite 1.414.630 adhérents
4.     Le Parti de la social-démocratie brésilienne (PSDB)- Avant considéré comme centre gauche, social-démocraque, aujourd’hui il réunit aussi des élus du centre droit et de la droite-1.350.11 adhérentes
5.     Parti démocratique travailliste- PDT Centre- Gauche -1.208.123 adhérents
6.     Parti des Travailleurs du Brasil- PTB – défini comme centriste et souverainiste 1.185.070 adhérents
7.     Les Démocrates (DEM)-Droite, conservatrice libérale-1.087.613 adhérents
8.     Partis de la République (PR) : Centre-Droit- 765.949 adhérents
9.     Parti Socialiste Brésilien (PSB) : Centre-gauche- 582.211 adhérents
10.  Parti Populaire Socialiste (PPS)-Ancien Parti Communiste converti aujourd’hui au Centre-droit- 464.785 adhérents

fonte: http://blogs.mediapart.fr/blog/marilza-de-melo-foucher/070915/la-droite-au-bresil-est-en-plein-essor

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